CSA académique : SUD EDUCATION NE SERA JAMAIS AU GARDE A VOUS – CHRONIQUE DU PARITARISME ET DU « DIALOGUE SOCIAL »

Nouvelles instances nées de la fusion des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail et des comités techniques, les comités sociaux d’administration (CSA) regroupent les représentant.e.s de l’Education nationale ainsi que celles et ceux des personnels. Les CSA ne sont que consultatifs, au final, l’administration reste décisionnaire.
Aux dernières élections professionnelles, SUD éducation y a obtenu un siège. Chez nous, les mandats sont tournants. Pas de déchargé.es à temps plein : nous ne sommes pas des professionnel.les du syndicalisme. N'importe quel.le camarade élu.e peut être mandaté.e peut porter la parole des adhérent.es et les valeurs de SUD (anticapitalisme, antisexisme, antiracisme, antivalidisme, pour une école égalitaire et émancipatrice), à condition de rendre compte de son mandat.
Le CSA est très protocolaire. La rectrice ouvre la séance avec un discours introductif (là, elle a présenté ses vœux et les excuses de la ministre). Puis viennent les déclarations préalables des syndicats. Celle de SUD, qui détone en interpellant directement la rectrice et autres contremaîtres du ministère, arrive en dernier et crée la sidération (voir la déclaration). S'ensuit un long silence pesant qui sera rompu par la rectrice disant vouloir changer de « tonalité ».
Le CSA de janvier dernier était consacré à la répartition des moyens en heure donnés par le ministère à l'académie pour 2024-2025. La rectrice le répète aux syndicats dénonçant la dégradation continue des conditions de travail pour les personnels et les élèves : le CSA n'est là pour traiter ni des besoins particuliers qui doivent être discutés au niveau départemental, ni manque général de moyens qui résulte d'un vote budgétaire parlementaire, donc politique.
Pourtant « on » nous demande bien de discuter de la répartition des moyens dérisoires donnés à l'académie. « On » nous explique que c'est dû à la baisse démographique. Mais nous, nous voit qu'à force de dégrader le service public d'éducation, il y a une stagnation des effectifs dans le public et une augmentation dans le privé sous contrat. Quant au hors contrat, la rectrice refuse de donner les chiffres. Cette différence privé/public entraîne une ségrégation sociale. Après 2h de joutes verbales la FSU, l'UNSA, FO et SUD votent contre la répartition des moyens pour le premier degré, tandis que le SNALC s'abstient.
Vient ensuite le point des ouvertures et fermetures de places dans la voie professionnelle. Notre camarade de SUD éducation prend la parole pour dénoncer les réformes successives qui ont entraîné une perte massive d'heures en enseignement général et professionnel, avant d'expliquer que les places ouvertes ne donnent pas de vraies formations : aucune heure d’enseignement général, peu d'heures d'enseignements professionnels et beaucoup de stages en entreprise. Ces formations ne délivrent même pas de diplômes et ne laissent donc pas espérer de meilleurs salaires.
Un représentant de l'administration en lien avec les entreprises explique que c'est une demande de ces entreprises qui trouvent que les élèves qui sortent de CAP et BAC pro ne sont pas compétent.es... A partir de ce moment, la représentante de SUD n'arrivera plus à prendre la parole : pendant près de 30mn d'échanges, la rectrice refusera de lui accorder la parole, alors qu'elle ne l'a pas prise pendant près de 2h. N'acceptant pas d'avoir parcouru 200km pour se voir interdire de parler dans une instance purement consultative, notre camarade a vécu ce refus comme un crachat à la figure de ses élèves, de ses collègues et des adhérents.es de SUD éduc'. Estimant que la mascarade a assez duré, elle quitte la séance. Preuve que les jeux étaient déjà faits : dès le lendemain les établissements recevaient leurs DHG, ce qui signifie que les moyens avaient déjà été répartis entre départements.
Contrairement aux mensonges du compte-rendu du SNALC, SUD éduc' était donc bien présent lors du CSA de janvier, mais pas au garde à vous !

SUD éducation apporte tout son soutien à sa camarade face au mépris de l'institution. Elle nous rappelle que ce n'est pas dans le dialogue avec les exécutant.es de la casse du service public d'éducation qu'on les empêchera de poursuivre leur œuvre, mais par la lutte collective, la solidarité et la grève !

La déclaration de SUD éducation au CSA académique de janvier :

« A vous, gens aimables, vous qui souriez, vous qui avez suffisamment de quoi manger, vous chauffer, qui êtes payé·e·s pour accomplir les basses besognes du ministère, je voudrais adresser ces questions :
Comment dort-on quand on annonce 10 équivalents temps plein en tout et pour tout dans toute l'académie pour le 1er degré ? Une augmentation de moyens dérisoire, des moyens qui plus est provisoires, quand le besoin est tellement criant que même les ministres mettent leurs enfants dans le privé ?
Comment dort-on quand on annonce une augmentation de moyens dans le second degré, qui, à y regarder de plus près, correspondent surtout à un alourdissement du temps de travail des collègues déjà épuisé·e·s puisqu'il s’agit surtout d’heures supplémentaires plus que des créations de postes ? Et qu'en vérité cela correspond à 2,5 h environ en plus par collège ? Les classes restent surchargées et notre classement PISA catastrophique. Les gens aisés vont continuer à mettre leurs enfants dans le privé, c'est sûr.
Comment dort-on quand on annonce pour la voie professionnelle une augmentation dérisoire de 233 places sur toute l'académie, qui correspondent surtout à des formations qui n'apportent rien ni en termes de connaissances fondamentales puisqu'aucune heure de français et de maths ne sont prévues, ni en termes de compétences professionnelles puisque les heures d'ateliers sont dérisoires et que la plus grande partie se fera en entreprise dans le cadre de stage ?
Comment dort-on lorsqu'on met en œuvre la destruction de la voie professionnelle ? Avec cette réforme, c'est la perte de 203h d'enseignement qui s'ajoute aux pertes d'heures dues aux réformes menées depuis 2009. Nous rappelons au passage qu'avec les réformes successives ce sont quasiment 50% des heures d'enseignements qui ont disparu.
Comment dort-on quand on travaille à favoriser la multiplication des CFA privés qui sont des usines à fric et qu'on envoie les enfants de pauvres servir de chair à patron en apprentissage ? Mais vos enfants ne sont pas concernés, c'est vrai.
Comment dort-on quand on annonce de l'inclusion sans les moyens nécessaires et des salaires de misères pour les AESH ? En plaçant en situation de maltraitance les élèves ayant besoin d'aménagements et en grande souffrance les collègues qui ne peuvent pas les aider ?
Comment dort-on quand on sait que la prime inflation n'a pas été une réalité pour ceux et celles dont les salaires sont les plus bas puisque la prime d'activité qui les aidaient à survivre leur a été diminuée d'autant ?
Comment dort-on quand on annonce que la CDisation n'est pas un droit et que tous les AED ne seront pas CDIsés, poussant ainsi les chefs d'établissement à faire eux-mêmes un premier tri arbitraire en convoquant et accablant subitement certain-es de reproches spécieux, sur la base de faits anecdotiques montés en épingle ou de simples rumeurs, dans le seul but de pouvoir mettre un avis défavorable à leur renouvellement, le premier depuis six ans ? Sans doute ne les voyez-vous pas pleurer dans les couloirs, les AED qui sont les ciblés par ces attaques : ils et elles tombent malades, parfois jusqu'à développer de dangereux symptômes dépressifs et des tendances suicidaires, parce qu'on a tout fait pour chercher à les dissuader de vouloir continuer à exercer ce métier
Est-ce que cela aide à dormir de savoir que l’interdiction de l’abaya à l’école, « ouvre la porte à l’arbitraire, au harcèlement et à la discrimination » des élèves musulmanes ?
Est-ce que cela aide à dormir de se dire que le Service national universel (SNU) sera généralisé et pris sur le temps de classes tandis que les classes de défenses sont étendues dans les quartiers populaires ?
Est-ce que cela aide à dormir quand il faudra mettre en œuvre une labellisation des manuels scolaires qui n'a eu de précédent que sous le régime de Vichy ?
Est-ce que cela aide à dormir de savoir que notre nouvelle ministre scolarise ses enfants dans un établissement privé sous contrat visé par une enquête puisqu'il fonctionne en classes non-mixte et que, dans ses enseignements, il condamne l'homosexualité et l'avortement ?
Sud Éducation n'a envie ni de sourire, ni d'applaudir une pseudo augmentation de moyens. En effet, nous constatons que le massacre du service public de l'Education se poursuit ainsi que la fascisation des esprits. Dans cet état de fait, si vous vous pouvez encore sourire, les plus fragiles, elles et eux pleurent tous les jours ».